SASU ou EURL quand on démarre seul : critères décisifs

SASU ou EURL quand on démarre seul : critères décisifs

SASU ou EURL, quand on démarre seul la question revient dès les premières estimations de revenus. Le choix du statut juridique conditionne le régime social du dirigeant (donc la protection sociale et le niveau des cotisations), mais aussi le régime fiscal entre impôt sur les sociétés et impôt sur le revenu. Dans les faits, dividendes et rémunération du dirigeant ne suivent pas les mêmes règles. Voici un comparatif concret pour décider selon votre niveau de revenus, vos besoins de couverture et vos projets d’évolution.

En bref : choisir entre SASU et EURL

  • Le choix entre SASU et EURL impacte directement la protection sociale, le coût des cotisations et le traitement des dividendes ; c’est un arbitrage entre couverture et optimisation du net.
  • Régime social : la SASU relève du régime général (président assimilé salarié), l’EURL du statut TNS, ce qui change retraite et cotisations.
  • Fiscalité : les deux structures sont soumises à l’IS par défaut ; les dividendes en SASU soumis au PFU, alors qu’en EURL une part peut être assujettie aux cotisations TNS au‑delà de 10 %.
  • Investisseurs et croissance : la SASU offre plus de souplesse pour ouvrir le capital, l’EURL reste plus encadrée si l’associé unique veut conserver un cadre protecteur.
  • Anticipez l’évolution : transformation en SARL ou SAS possible, pensez à organiser ce pivot dès la rédaction des statuts.

Comparatif rapide de la SASU et de l’EURL

Dit simplement, la logique n’est pas la même. En SASU unipersonnelle, le président est assimilé salarié. En SARL unipersonnelle (EURL), le gérant relève du régime des indépendants.

CritèresEURLSASU
Régime socialGérant TNSPrésident assimilé salarié
Coût estimatif des cotisationsEnviron 35–45 % de la rémunérationCoût global souvent 55–70 % selon la paie
Fiscalité IS/IRIS par défaut, option IR possible sous conditionsIS par défaut, option IR temporaire possible
DividendesAu‑delà de 10 % de la base, part soumise à cotisations TNSPFU 30 %, pas de cotisations sociales sur dividendes
Protection socialeCouverture correcte, retraite moindreCouverture plus large, meilleure retraite hors chômage
Ouverture du capitalMoins soupleTrès souple, entrée d’investisseurs facilitée
FormalismeCadre protecteur, règles de SARLSouplesse statutaire de SAS
Commissaire aux comptesNomination si seuils dépassés ou contrôleMême principe de seuils

Pour approcher les montants, un passage par un outil pédagogique de la CCI Paris Île‑de‑France peut aider à cadrer vos hypothèses (https://www.cci-paris-idf.fr). De mon expérience, les simulateurs de cabinets comme Le Coin des Entrepreneurs donnent aussi un premier ordre de grandeur utile (https://www.lecoindesentrepreneurs.fr).

Côté pratique, les ressources locales offrent souvent des fiches sur les aides, les formalités et les contacts utiles. La page dédiée à l’entreprise rassemble, à l’échelle locale, des informations d’accompagnement et des contacts administratifs qui complètent les simulateurs nationaux.

Régime social du dirigeant, TNS et assimilé salarié

C’est souvent ici que le curseur se fixe. En EURL avec un gérant majoritaire, le régime social est celui des travailleurs non salariés. Les charges sociales tournent autour de 35–45 % de la rémunération, avec une protection correcte en maladie et maternité ; la retraite de base et complémentaire progresse, mais plus lentement. L’indemnisation chômage n’est pas acquise au titre du mandat.

En SASU, le président est affilié au régime général en tant qu’assimilé salarié. La protection sociale est plus large, notamment en prévoyance et retraite complémentaire ; le coût global des charges sociales sur un salaire donné est plus élevé. Là encore, il n’y a pas de droits au chômage au seul titre du mandat.

Bulletin de paie ou TNS

Pour le dire vite, un bulletin de paie en SASU sécurise la couverture et la lisibilité bancaire ; le statut TNS en EURL optimise davantage le net disponible pour un même coût global. Je vois des freelances IT privilégier la SASU pour la prévoyance, tandis que des consultants B2B orientent l’EURL pour maximiser le revenu net.

Fondateur freelance rencontrant un comptable pour discuter du statut légal, assis à une table en bois dans un petit bureau moderne, avec ordinateur portable, contrats et calculatrice, lumière naturelle douce et chaude filtrant par la fenêtre.

SASU/EURL : Fiscalité et dividendes en pratique

Sous l’angle fiscal, l’arbitrage salaire ou dividendes change le résultat. En IS, la société paie 15 % sur la première tranche éligible PME, puis 25 % au‑delà en 2025, selon les conditions de chiffre d’affaires et de capital. Les dividendes versés à l’associé unique subissent par défaut un PFU à 30 %, avec option possible pour l’IR au barème.

En EURL avec gérant majoritaire, la fraction des dividendes qui dépasse 10 % de la base (capital, primes et compte courant) supporte des cotisations sociales TNS. En SASU, les dividendes ne supportent pas de charges sociales ; restent l’IS en amont, puis le PFU 30 % ou l’option au barème.

IS ou IR, quel choix d’imposition

En IR, le bénéfice remonte au foyer fiscal, ce qui peut convenir la première année si le résultat reste faible. En pratique, l’IS offre plus de pilotage, car c’est la rémunération du dirigeant qui ajuste le résultat imposable, puis vient l’arbitrage dividendes. J’évite l’IR quand la tranche marginale du foyer grimpe.

Formalités de création et coûts

Côté pratique, les deux formes impliquent la rédaction des statuts, le dépôt du capital social, la publication d’une annonce légale et l’immatriculation via le guichet unique du RNE. Les frais administratifs restent modestes, auxquels s’ajoute le coût de l’annonce légale. Un compte bancaire professionnel simplifie le dépôt et les flux.

S’y ajoutent les obligations de commissaire aux comptes en cas de dépassement de seuils légaux ou en présence de liens de contrôle. L’EURL cadre davantage les décisions ; la SASU, plus souple, demande une rédaction soignée des statuts. J’aime sécuriser les clauses de rémunération variable et de distribution.

Quel statut selon votre projet ?

  • Revenu net à optimiser, activité stable : EURL, TNS, charges plus faibles ; distribution possible mais vigilance sur le seuil des 10 %.
  • Besoin de protection sociale renforcée : SASU, paie lisible ; meilleure retraite complémentaire ; coût plus élevé.
  • Volonté d’attirer des investisseurs : SASU, capital facilement ouvert ; gouvernance souple.
  • Freelance en B2B avec donneurs d’ordre exigeants : SASU, bulletin de paie apprécié des banques et assurances.
  • Croissance et embauche à court terme : SASU pour la flexibilité des actions ; EURL si l’associé reste unique et veut un cadre protecteur.

À mon sens, c’est la stabilité attendue du résultat qui oriente le choix initial.

Transformer son statut au bon moment

Changer, cela arrive. L’EURL bascule en SARL lors de l’entrée d’un associé, sans remettre à plat tout l’historique. La SASU devient SAS à l’arrivée d’actionnaires, avec une grande latitude pour organiser pouvoirs et sorties. Je conseille d’anticiper ce pivot dans les statuts initiaux.

Cas pratiques et mini simulations

  • Cas 1 — Résultat avant rémunération : 60 000 €
    EURL avec 36 000 € de rémunération TNS, cotisations environ 14 000 € ; IS sur le solde après rémunération, puis dividendes modestes, dont la part dépassant 10 % de la base subirait des cotisations. SASU avec salaire brut équivalent : coût global plus élevé ; reste moins de dividendes mais aucune charge sociale sur ceux‑ci.
  • Cas 2 — Résultat élevé : 120 000 € et besoin de protection
    SASU, salaire de 48 000 € bruts, IS à 15 % puis 25 % ; dividendes soumis au PFU 30 %. EURL, même effort global, net dirigeant supérieur, mais couverture moindre. Je retiens la SASU si la prévoyance prime.

Besoin d’affiner vos chiffres selon votre foyer et vos objectifs : utilisez un simulateur fiscal dédié.

FAQ sur le choix entre SASU et EURL

Quel est le meilleur pour les dividendes

La SASU. Les dividendes n’y supportent pas de cotisations sociales, seulement le PFU 30 % par défaut. En EURL avec gérant majoritaire, la part qui dépasse 10 % de la base est soumise aux cotisations TNS.

Quand l’IS devient plus intéressant

Dès que la tranche marginale du foyer est élevée ou que vous souhaitez piloter le résultat via la rémunération. L’IS permet de lisser l’imposition entre salaire et dividendes.

Peut‑on changer d’EURL en SASU plus tard

Oui, une transformation est possible, avec audit juridique et fiscal. Le moment opportun arrive souvent lors de l’entrée d’un associé ou d’un besoin d’investisseurs.

La paie améliore‑t‑elle l’accès au crédit

Souvent oui. Un bulletin de paie en SASU rassure certains partenaires ; une EURL bien gérée avec résultat récurrent rassure tout autant.

Pour vous aider à piloter votre situation personnelle (choix salaire/dividendes, optimisation du foyer fiscal), voyez aussi notre guide Reprendre le contrôle de ses finances en 30 jours, qui propose une méthode pratique pour organiser vos revenus et dépenses.