Quand quitter la micro‑entreprise pour une SASU : signaux concrets (chiffre d’affaires, TVA, charges)

Quand quitter la micro‑entreprise pour une SASU : signaux concrets (chiffre d’affaires, TVA, charges)

Quitter la micro-entreprise pour créer une SASU ressemble souvent à un saut dans le vide… alors que c’est, pour beaucoup d’indépendants, le passage obligé pour scaler leur activité, optimiser leurs charges sociales et reprendre le contrôle de leur fiscalité. La clé n’est pas de se demander “si” ce changement est utile, mais “quand” il devient rationnel, chiffres à l’appui : plafond micro-entreprise, seuils de TVA, structure des coûts, besoin de crédibilité et de protection du patrimoine. En observant ses comptes de manière lucide, n’importe quel freelance peut repérer les signaux concrets qui montrent que le statut simplifié n’est plus adapté. L’objectif n’est pas de “faire comme tout le monde”, mais de choisir le statut juridique qui colle à la réalité du business et à l’ambition de l’entrepreneur. C’est cette lecture froide des chiffres (et pas uniquement du ressenti) qui permet de réussir sa transition entreprise sans brûler de cash ni perdre ses avantages.

En bref : quand quitter la micro‑entreprise pour une SASU ?

  • 🚀 Quand le chiffre d’affaires frôle ou dépasse régulièrement le plafond micro-entreprise (77 700 € pour les services) et que la croissance est structurelle, pas ponctuelle.
  • 📊 Quand les charges réelles (déplacements, logiciels, sous-traitance…) explosent et que le régime forfaitaire de la micro interdit une vraie optimisation fiscale.
  • 💶 Quand la question de la TVA devient un casse-tête (fréquent franchissement de seuil, clients pros sensibles à la récupération de TVA).
  • 🛡️ Quand la protection du patrimoine, l’image pro et la possibilité d’accueillir des associés ou investisseurs rendent la SASU plus cohérente.
  • 💼 Quand l’entrepreneur veut structurer sa rémunération (salaire + dividendes) et piloter ses charges sociales avec finesse.
  • 🧭 Ce guide passe en revue : signaux chiffrés, impact TVA, charges, simulation de coûts, étapes pratiques de la transition micro-entreprise → SASU.

Micro-entreprise vs SASU : comprendre les différences avant de quitter la micro‑entreprise

Avant de parler signaux d’alerte, la comparaison entre micro-entreprise et SASU mérite un vrai détour. Beaucoup d’indépendants restent bloqués dans le doute simplement parce que les règles de chaque statut juridique restent floues. Pourtant, quand on pose les différences à plat – fiscalité, protection, souplesse de gestion – le point de bascule devient nettement plus lisible.

Pour illustrer cette opposition, prenons Léa, développeuse freelance. En quelques années, son chiffre d’affaires annuel est passé de 25 000 € à plus de 80 000 €. Elle se heurte au plafond du régime simplifié, paye des cotisations sur un chiffre non corrigé de ses frais et commence à perdre patience face à des clients grands comptes qui refusent de travailler avec une auto‑entrepreneuse. Son cas résume celui de milliers de freelances arrivés au bout de la phase “test”.

Les forces et limites concrètes de la micro‑entreprise quand l’activité décolle

La micro reste un tremplin très confortable au démarrage : formalités express, calcul rapide des cotisations, pas de bilan à produire. Mais ce confort a un prix caché dès que les revenus montent. Le plafond de chiffre d’affaires (77 700 € pour les services en régime de base, hors marge de tolérance) agit comme une barrière de verre dès que l’activité devient récurrente. Dépassé deux années de suite, ce seuil fait basculer l’entrepreneur vers un autre régime, souvent subi.

Autre limite structurelle : l’incapacité à déduire les charges réelles. Un consultant qui dépense 15 000 € par an en déplacements, coworking, matériel et sous‑traitance se retrouve imposé comme si ces dépenses n’existaient presque pas. Le calcul forfaitaire peut sembler confortable, mais il devient pénalisant quand l’activité se professionnalise.

  • 📉 Pas de déduction des frais réels : difficile pour les métiers avec fortes dépenses (coaches, freelances tech, photographes, artisans).
  • 🚫 Plafond micro-entreprise : blocage de croissance une fois la limite régulièrement atteinte.
  • 🧾 TVA : franchise en base pratique au début, mais moins adaptée quand les clients sont majoritairement des pros qui récupèrent la taxe.
  • 😕 Image mitigée : certains services achats de grands groupes évitent les micro‑entrepreneurs.
  • 🧍 Isolement juridique : impossible d’ouvrir le capital ou distribuer des actions à un futur associé.

Le statut conserve tout son intérêt pour une activité complémentaire ou une phase test, mais il devient rapidement étroit pour un projet ambitieux.

Pourquoi la SASU s’impose souvent comme “l’étape d’après”

À l’inverse, la SASU fonctionne comme une vraie “coquille” professionnelle. La société possède sa personnalité juridique, son capital, sa capacité à embaucher, à lever des fonds, à accueillir des associés. Sur le plan fiscal, le passage à l’impôt sur les sociétés et la possibilité de mixer salaires et dividendes ouvrent un large spectre d’optimisation fiscale.

Le président de SASU relève du régime général, assimilé salarié quand il se rémunère. La couverture sociale est plus confortable qu’en micro, même si le coût des charges sociales grimpe. Autre avantage décisif : la plus grande crédibilité devant les banques et investisseurs, qui comprennent immédiatement la structure capitalistique et la gouvernance.

  • 🏦 Crédibilité bancaire : plus de chances d’obtenir un prêt ou une autorisation de découvert.
  • 💳 Structuration de la rémunération : possibilité d’arbitrer salaire / dividendes selon la situation personnelle.
  • 🧩 Préparation d’une ouverture du capital : la SASU peut devenir SAS en accueillant un ou plusieurs associés.
  • 🛡️ Responsabilité limitée : en principe, engagement circonscrit aux apports au capital.
  • 📚 Comptabilité complète : contrainte… mais outil puissant de pilotage du business.

La SASU n’est donc pas “meilleure” en soi que la micro‑entreprise ; elle devient adaptée dès que l’activité exige un cadre plus stratégique.

Critère ⚖️Micro-entreprise 🙂SASU 🚀
Chiffre d’affairesPlafond micro-entreprise (77 700 € services)Pas de plafond de CA
TVAFranchise en base, TVA non récupérableTVA collectée et déductible
Charges socialesPourcentage du CA encaissement 💸Sur base salaire versé + cotisations élevées
Optimisation fiscaleAbattement forfaitaire limitéIS + choix salaire / dividendes = forte souplesse 💡
Crédibilité & levée de fondsPlutôt limitée pour les gros clientsStructure adaptée aux investisseurs 💼

Comprendre ce tableau, c’est déjà commencer à repérer quand la bascule vers la SASU devient logique, bien avant d’être contraint par l’administration.

Les signaux concrets du chiffre d’affaires : quand le plafond micro‑entreprise ne suffit plus

Le premier indicateur cible pour décider de quitter micro-entreprise, c’est le chiffre d’affaires. Au‑delà des théories, les courbes de revenus mensuels racontent toujours une histoire claire : celle d’une activité encore en exploration, ou au contraire entrée dans une phase de maturité. L’erreur la plus fréquente consiste à attendre le franchissement officiel du plafond avant d’anticiper la transition entreprise.

Revenons à Léa. Dès qu’elle a atteint 65 000 € de CA annuel prévisionnel sur 12 mois glissants, son comptable lui a conseillé de simuler un passage en SASU. Non pas parce qu’elle avait déjà dépassé la limite, mais parce que la tendance montrait que ce n’était plus qu’une question de semaines.

Lire ses chiffres comme un investisseur : CA moyen, récurrence et saisonnalité

Observer uniquement le CA annuel n’est pas suffisant. Un entrepreneur avisé regarde la récurrence des revenus, la qualité des contrats et la stabilité du pipeline commercial. Une année chargée suite à un gros projet unique ne justifie pas forcément de changer de statut, alors que 12 mois d’activité régulière sur plusieurs clients récurrents envoient un signal fort.

Une bonne méthode consiste à suivre trois indicateurs simples sur un tableau mensuel :

  • 📆 CA moyen mensuel sur 12 mois glissants (tendance réelle, hors effet coup de chance).
  • 🤝 Part du CA récurrent (abonnements, contrats longue durée, missions en régie).
  • 📈 Taux de croissance (progression moyenne du CA par trimestre).

Quand le CA moyen mensuel dépasse 3 000 à 4 000 € sur plusieurs trimestres, avec des perspectives solides, la micro-entreprise commence souvent à perdre sa pertinence. Ce n’est plus une structure “test”, mais une activité à part entière.

Impact direct du plafond micro‑entreprise sur vos décisions de croissance

Le plafond micro-entreprise peut créer des comportements de sabotage inconscient. Certains indépendants refusent des contrats en fin d’année pour ne pas dépasser le seuil, repoussent des signatures à l’exercice suivant ou limitent volontairement leur prospection. Cette autocensure commerciale coûte parfois plus cher que les surcoûts d’un changement de statut.

Face à ce dilemme, l’entrepreneur peut se poser quelques questions simples :

  • ❓ Les opportunités perdues “pour rester en micro” dépassent‑elles le coût annuel d’une SASU ?
  • ❓ Les prévisions de CA à 12–18 mois rendent‑elles probable le dépassement du plafond sur deux années de suite ?
  • ❓ Le maintien en micro-entreprise repose‑t‑il sur une logique rationnelle… ou sur la peur de la comptabilité et de la TVA ?

Quand les réponses tournent systématiquement dans le même sens, le moment de préparer sérieusement la bascule est arrivé.

Situation 📊Lecture du signal 🔍Action recommandée ✅
CA annuel > 60 000 € et croissance régulièrePlafond micro-entreprise bientôt atteintSimuler passage en SASU sur 2 ans 🧮
Refus de missions pour rester sous le plafondFrein direct à la croissanceÉtudier création de SASU dans les 6 mois 🚦
Gros projet ponctuel, CA non récurrentPic exceptionnel, pas forcément durableRester en micro mais surveiller la tendance 👀
CA récurrent > 3 500 €/mois sur 12 moisActivité stabilisée, phase de maturitéPassage à la SASU à planifier sérieusement 📆

Lire ces signaux avec honnêteté permet de prendre une décision proactive, sans subir les changements imposés par l’administration.

Vidéo utile pour analyser son chiffre d’affaires avant de changer de statut

Pour aller plus loin, certaines vidéos pédagogiques détaillent comment suivre ses indicateurs financiers et choisir son moment de changement de statut en connaissance de cause.

Regarder ce type de contenu en parallèle de ses propres tableaux Excel aide à poser un diagnostic plus objectif sur la trajectoire de son activité.

TVA, charges sociales et optimisation fiscale : quand la SASU devient plus rentable

Le deuxième grand bloc de signaux à surveiller concerne la TVA, les charges sociales et l’optimisation fiscale au global. Tant que les dépenses restent faibles, la micro-entreprise semble souvent imbattable. Dès que les investissements augmentent, la réalité s’inverse progressivement en faveur de la SASU.

L’erreur répandue consiste à ne regarder que le taux facial de cotisations – forcément plus bas en micro – sans intégrer les effets de la TVA déductible, des frais imputables au résultat, du taux réduit d’IS et de la possibilité de lisser sa rémunération dans le temps.

Quand la question de la TVA fait pencher la balance

En régime de micro, la franchise de TVA simplifie la facturation : pas de taxe à collecter, pas de déclaration. Pour des clients particuliers, c’est une vraie force. Mais dès que la clientèle devient majoritairement professionnelle, la situation se retourne. Une entreprise qui récupère la TVA préférera souvent un prestataire assujetti pour neutraliser le coût réel de la prestation.

Dès que les seuils de TVA sont frôlés (atteints ou dépassés plusieurs mois d’affilée), l’auto‑entrepreneur se retrouve embarqué dans un système hybride inconfortable : micro‑entreprise + TVA. À ce stade, beaucoup choisissent la transition entreprise vers la SASU pour retrouver une cohérence d’ensemble.

  • 💡 Si les clients sont majoritairement des pros : être assujetti à la TVA n’est pas un handicap, au contraire.
  • 🧾 Si les achats professionnels sont importants : récupérer la TVA sur ces dépenses allège vraiment la facture.
  • ⚠️ Si les seuils TVA sont dépassés régulièrement : la micro perd la moitié de son attractivité.

Charges sociales et rémunération : micro vs SASU en pratique

Sur le plan des charges sociales, la lecture est plus subtile qu’un simple “c’est moins cher en micro”. En réalité, la micro-entreprise applique un pourcentage sur le CA sans tenir compte des dépenses. La SASU applique des cotisations sur le salaire brut, mais pas sur les dividendes, et permet de déduire le salaire du résultat imposable à l’IS.

En pratique, beaucoup d’entrepreneurs en croissance utilisent un combo malin : se verser un salaire plutôt raisonnable, complété par des dividendes en fin d’exercice. Ce dosage permet de maintenir une protection sociale correcte tout en évitant d’alourdir excessivement les cotisations.

  • 🩺 Micro-entreprise : moins de cotisations, mais protection sociale plus rudimentaire.
  • 🛡️ SASU : cotisations plus élevées sur le salaire, mais meilleure couverture (régime général).
  • 📊 Marge de manœuvre : possibilité d’ajuster le niveau de rémunération selon les années.
Élément 💼Micro-entrepriseSASU
Base des charges socialesPourcentage du CA, sans déduction des frais 📉Sur le salaire brut versé uniquement
Déduction des chargesNon, abattement forfaitaire uniquementOui, toutes les charges pro déductibles 💡
Fiscalité des bénéficesImpôt sur le revenu, barème persoIS (15 % puis 25 %) + dividendes taxés à la flat tax
Souplesse de rémunérationQuasi nulleSalaire + dividendes combinables 🔁

Une simulation avec un comptable montre souvent qu’à niveau de CA égal, la SASU devient avantageuse dès que les frais réels dépassent un certain pourcentage du chiffre d’affaires.

Ressource vidéo pour visualiser l’impact fiscal du passage en SASU

Des créateurs spécialisés en gestion d’entreprise publient des comparatifs chiffrés très concrets entre micro-entreprise et SASU, avec simulations de charges et d’impôts sur plusieurs scénarios de revenus.

Visionner ce type de décryptage avec ses propres chiffres sous les yeux aide à sortir des idées reçues et à aligner son statut avec sa réalité financière.

Quand TVA, charge fiscale et niveau de frais convergent, la SASU n’est plus un luxe, mais un outil pour cesser de laisser de l’argent sur la table.

Autres signaux stratégiques : image, protection du patrimoine et développement

Au‑delà des chiffres purs, d’autres marqueurs montrent qu’il devient cohérent de quitter micro-entreprise pour une structure plus aboutie. Le choix du statut juridique incarne aussi un positionnement, une ambition, un rapport au risque et aux partenaires de l’activité.

Pour certains freelances, le déclic ne vient pas du plafond de chiffre d’affaires, mais du premier appel d’offres perdu pour cause de “statut jugé trop léger” ou de la première discussion sérieuse avec une banque réticente à financer un projet porté par une simple micro‑entreprise.

Image professionnelle et crédibilité auprès des clients B2B

Sur certains marchés (informatique, conseil, formation professionnelle, marketing B2B), la forme de la structure pèse lourd dans la décision d’achat. Un service achat habitué à traiter avec des SAS, SASU ou SARL peut voir la micro-entreprise comme un signal de fragilité, même si l’expertise est là. Les grandes entreprises cherchent souvent des structures capables d’assurer la continuité de service, de supporter un volume croissant, de faire appel à des sous‑traitants.

Passer à la SASU n’est pas une garantie de contrats signés, mais envoie un message clair : l’activité est structurée, pérenne, prête à monter en puissance.

  • 🏢 Meilleure perception dans les appels d’offres et consultations.
  • 📑 Possibilité de répondre à des marchés imposant un certain type de structure.
  • 🤝 Renforcement de la confiance avec des partenaires stratégiques (agences, ESN, cabinets…).

Protection du patrimoine et gestion du risque

Depuis la réforme séparant patrimoine perso et pro en entreprise individuelle, la micro offre déjà un certain niveau de protection. Pourtant, sur le plan psychologique comme juridique, beaucoup d’entrepreneurs se sentent plus à l’aise quand une personne morale distincte porte les engagements.

La SASU permet de limiter la responsabilité aux apports, en principe. Cette barrière est particulièrement appréciée lorsque l’activité comporte :

  • ⚙️ Des risques techniques (développement logiciel critique, prestations industrielles).
  • ⚖️ Des enjeux contractuels lourds (pénalités, clauses de résultat, SLA exigeants).
  • 📉 Des investissements matériels ou financiers significatifs (machines, locaux, licences coûteuses).

La sensation de “ne pas tout jouer sur son nom propre” libère souvent l’entrepreneur dans ses décisions et lui permet d’oser des projets plus ambitieux.

Aspect 🛡️Micro-entrepriseSASU
Responsabilité juridiqueAu nom propre, même si patrimoine protégé en partieLimitée aux apports dans la société ✅
Capacité à prendre des risquesSouvent bridée par la peur de l’engagement perso 😬Décisions portées par la personne morale
Perception des partenairesStatut “indépendant solo”Structure pro, potentiellement scalable 🚀

Ce cadre rassurant contribue fortement à la décision de bascule, surtout quand l’activité se complexifie.

Préparer la croissance : embauche, sous-traitance, associés, levée de fonds

Autre signal fort : le moment où l’entrepreneur n’est plus seulement “vendeur de son temps”, mais pilote d’un projet pouvant impliquer d’autres personnes. La micro-entreprise reste possible avec de la sous‑traitance ponctuelle, mais elle montre vite ses limites si l’objectif est :

  • 👥 D’embaucher un salarié ou alternant.
  • 🤝 D’accueillir un associé opérationnel ou financier.
  • 📈 De structurer une future levée de fonds ou l’entrée d’un business angel.

La SASU joue alors le rôle de tremplin vers une future SAS, sans devoir tout reconstruire. Il suffit parfois d’une augmentation de capital ou de l’entrée d’un cofondateur pour changer de configuration tout en conservant l’historique, les contrats, la marque.

Quand ces questions commencent à occuper sérieusement l’esprit de l’entrepreneur, rester en micro devient une anomalie plus qu’une solution pragmatique.

Repérer ces signaux non chiffrés permet d’éviter d’aborder le passage en SASU sous l’angle de la seule contrainte fiscale : il s’agit aussi d’un choix stratégique et patrimonial.

Transition entreprise : étapes concrètes pour quitter la micro‑entreprise et créer une SASU

Une fois la décision prise, reste la partie opérationnelle : comment orchestrer la transition entreprise sans désorganiser le quotidien, ni affoler les clients, ni perdre des droits sociaux en route ? Passer de micro-entreprise à SASU ne se fait pas par simple “transformation automatique” : il s’agit d’une fermeture et d’une création distincte, avec transfert éventuel de l’activité.

L’expérience montre que les transitions les plus fluides sont celles qui sont planifiées sur quelques mois, plutôt qu’improvisées sous la pression d’un plafond de chiffre d’affaires déjà explosé.

Fermer la micro-entreprise et créer la SASU : le fil conducteur

La première décision à prendre : radier la micro ou la mettre en sommeil. La radiation est adaptée quand l’entrepreneur est certain de basculer définitivement vers la SASU. La mise en sommeil, elle, laisse une porte ouverte en cas de changement de stratégie.

En parallèle, la création de la SASU suit un canevas bien balisé :

  • 🧾 Rédaction des statuts : objet social, règles de fonctionnement, pouvoirs du président.
  • 🏦 Dépôt du capital social sur un compte bloqué, même modeste.
  • 📰 Publication d’une annonce légale pour rendre la création publique.
  • 📄 Dossier d’immatriculation sur le guichet unique de l’INPI.

Les plateformes spécialisées ou les experts-comptables prennent souvent ces étapes en charge pour éviter les erreurs qui retardent l’immatriculation (et donc la possibilité de facturer au nom de la SASU).

Transférer l’activité : contrats, clients, actifs

Une fois la SASU immatriculée, se pose la question du transfert d’activité de la micro vers la société. Selon la nature du business, plusieurs options existent, chacune avec ses implications fiscales et juridiques :

  • 💸 Cession de fonds de commerce : la SASU achète l’activité existante.
  • 📥 Apport en nature du fonds de commerce à la SASU : l’entrepreneur reçoit des actions en échange.
  • 📑 Transfert simple de contrats si l’activité est légère (prestation intellectuelle, peu d’actifs).

Chaque option demande une analyse personnalisée, surtout si des éléments de valeur existent déjà (marque, site web à forte audience, base clients). Un conseil spécialisé permet d’éviter les mauvaises surprises.

Étape de transition 🔁Objectif 🎯Piège à éviter ⚠️
Radiation / mise en sommeilClore proprement la micro-entrepriseOublier la dernière déclaration de CA
Création de la SASUObtenir Kbis et numéro SIRENStatuts bâclés, objet social trop restreint
Transfert d’activitéContinuité business & clientsNégliger les conséquences fiscales de la cession 📉
Mise à jour des documentsFactures, CGV, mentions légales alignéesLaisser circuler l’ancien SIRET trop longtemps

Traiter ces points avec rigueur préserve la confiance des clients tout en gardant un historique clair pour l’administration.

Budgéter les coûts de la transition et garder de la trésorerie

Dernier volet, trop souvent sous-estimé : le coût global de la transition. Même si la fermeture de la micro-entreprise en elle-même peut être gratuite, la création de la SASU engendre :

  • 💶 Frais administratifs (annonce légale, greffe, formalités INPI).
  • 📚 Honoraires d’accompagnement (plateforme en ligne, avocat, expert-comptable).
  • 🧮 Surcoût de comptabilité (tenue complète, bilan annuel).

Prévoir une trésorerie de sécurité couvrant plusieurs mois de fonctionnement (charges fixes, logiciels, assurances, comptable) permet d’aborder le démarrage de la SASU sans stress inutile.

Une transition bien préparée ressemble moins à un saut sans filet qu’à un changement de niveau dans un jeu vidéo : la difficulté augmente un peu, mais les récompenses aussi.

À partir de quel chiffre d’affaires faut-il quitter la micro-entreprise pour une SASU ?

Le bon moment dépend du niveau de charges réelles, de la récurrence de vos revenus et de vos projets à moyen terme. Beaucoup d’indépendants commencent à étudier sérieusement la SASU dès que leur chiffre d’affaires dépasse 60 000 € annuels avec une croissance régulière, ou que leur revenu mensuel récurrent dépasse 3 000–3 500 €. Si vous refusez des missions pour rester sous le plafond micro-entreprise, ou si vos frais professionnels augmentent fortement, une simulation avec un comptable permet de vérifier si la SASU devient plus avantageuse fiscalement et socialement.

La TVA est-elle un vrai argument pour passer en SASU ?

Oui, surtout si vos clients sont majoritairement des professionnels et si vous avez beaucoup de dépenses soumises à TVA (logiciels, matériel, sous-traitants, déplacements). En micro-entreprise, vous ne récupérez pas la TVA sur vos achats, ce qui augmente leur coût réel. En SASU, vous collectez la TVA sur vos ventes, mais vous la déduisez sur vos dépenses. Quand les montants en jeu deviennent conséquents, l’assujettissement à la TVA, combiné à l’impôt sur les sociétés, peut rendre la SASU globalement plus rentable.

Le passage de micro-entreprise à SASU est-il compliqué administrativement ?

Le processus demande plus de formalités qu’une simple création de micro, mais reste largement gérable avec un bon accompagnement. La démarche se découpe en trois grandes étapes : fermeture ou mise en sommeil de la micro-entreprise, création de la SASU (statuts, capital, annonce légale, immatriculation) puis transfert de l’activité (clients, contrats, actifs). En pratique, beaucoup d’indépendants s’appuient sur une plateforme en ligne ou un expert-comptable pour sécuriser ces étapes et éviter les erreurs sur les statuts ou les options fiscales.

Gagne-t-on toujours de l’argent en passant en SASU ?

Pas forcément. Si votre chiffre d’affaires reste modeste, que vous avez peu de frais professionnels et que vous ne dépassez pas régulièrement le plafond micro-entreprise, la micro peut rester plus intéressante et bien plus simple. La SASU devient souvent plus avantageuse lorsque vos charges sont élevées, votre activité est pérenne, et que vous souhaitez optimiser votre rémunération via un mix salaire / dividendes, tout en bénéficiant d’une meilleure image et d’une plus grande capacité de développement. La décision se prend cas par cas, sur chiffres réels.

Peut-on garder ses droits au chômage en créant une SASU ?

Oui, à condition d’être éligible et de bien paramétrer votre situation. En pratique, un dirigeant de SASU qui ne se verse pas de rémunération peut continuer à percevoir l’ARE, sous réserve de l’accord de Pôle emploi et du respect des règles en vigueur. Il est fréquent de créer la SASU, de laisser la société en phase de lancement sans salaire, puis de commencer à se rémunérer une fois l’activité stabilisée. L’enjeu consiste alors à coordonner calendrier de création, statut auprès de Pôle emploi et stratégie de rémunération pour ne pas perdre d’allocations inutilement.