Portage salarial ou SASU pour consultant : quel choix selon revenu, autonomie et risque

Portage salarial ou SASU pour consultant : quel choix selon revenu, autonomie et risque

Choisir entre portage salarial et SASU quand on est consultant indépendant, c’est décider bien plus qu’un simple statut juridique. Derrière ce choix se jouent le niveau de revenu net, le degré d’autonomie, la gestion du risque personnel, mais aussi la charge mentale liée à l’administratif et la trajectoire professionnelle des prochaines années. Beaucoup de freelances démarrent en se focalisant sur le TJM ou l’optimisation de la fiscalité, alors que l’équation réelle combine aussi protection sociale, droit au chômage, retraite, trésorerie et perspectives de développement. Les règles ont évolué ces dernières années en France, rendant l’arbitrage moins intuitif, surtout pour les profils qualifiés habitués au confort d’un CDI.

Pour un consultant qui facture déjà quelques missions ou qui s’apprête à quitter un poste salarié bien payé, la tentation est grande de foncer vers la SASU pour « payer moins de charges » ou, à l’inverse, de se réfugier dans le portage salarial pour retrouver la sécurité sociale du salariat. Pourtant, ce qui compte vraiment, c’est l’adéquation entre le statut et le profil : niveau de chiffre d’affaires, tolérance au risque, capacité à gérer la paperasse, besoin de visibilité financière. Un jeune indépendant en phase de test n’a pas les mêmes priorités qu’un expert senior qui vise 100 000 € de CA et la constitution d’un patrimoine professionnel. L’analyse fine de ces paramètres permet de transformer un choix anxiogène en décision stratégique assumée.

En bref : portage salarial ou SASU pour consultant

  • 💰 Revenu net : en dessous de 60 000 € de chiffre d’affaires, le portage salarial offre un confort et un net proche de la SASU une fois les coûts cachés intégrés ; au-delà, la SASU devient généralement plus rentable.
  • 🛟 Risque et sécurité : le consultant porté bénéficie du régime général, de la mutuelle d’entreprise et du droit au chômage ; en SASU, l’absence d’assurance chômage impose une épargne de précaution plus élevée.
  • 📊 Fiscalité : la SASU permet d’optimiser via l’IS, la récupération de TVA et les dividendes (flat tax 30 %) ; le portage simplifie tout mais limite les marges de manœuvre fiscales.
  • ⚙️ Autonomie et gestion : la SASU laisse la main sur tout (facturation, stratégie, structure), mais implique comptabilité, TVA, URSSAF ; le portage décharge quasi totalement l’administratif.
  • 🚀 Évolution : pour scaler, créer une équipe ou lever des fonds, la SASU est le cadre naturel ; le portage brille pour tester un marché, sécuriser une transition ou préparer une reconversion.
  • 🧭 Stratégie : beaucoup de consultants gagnent à démarrer en portage salarial, puis basculer en SASU après 18–24 mois, une fois le portefeuille client stabilisé et le risque mieux maîtrisé.

SASU ou portage salarial : comprendre les deux statuts avant de trancher

Derrière les comparaisons de charges et de revenus, une évidence se détache : tant que le fonctionnement du portage salarial et de la SASU reste flou, tout arbitrage repose sur des impressions. Or ces deux cadres juridiques répondent à des logiques très différentes. L’un transforme le consultant en salarié porté, l’autre en dirigeant d’entreprise, même si l’activité reste, dans les deux cas, du conseil facturé à la journée ou à la mission.

Un bon moyen d’y voir clair consiste à suivre un personnage type, Marc, 42 ans, ex-directeur de projet informatique. Marc veut se lancer comme indépendant avec un TJM de 700 €. Il hésite entre une société unipersonnelle et le portage. Ce qui l’inquiète : perdre la couverture chômage, se noyer dans l’administratif, mais aussi laisser trop d’argent sur la table en charges sociales. Son dilemme reflète celui de milliers de consultants expérimentés.

Comment fonctionne concrètement le portage salarial pour consultant ?

En portage, Marc trouve ses missions, négocie son TJM, gère sa relation client. Juridiquement, pourtant, il devient salarié d’une société de portage, qui signe le contrat commercial avec le client, facture les prestations et lui reverse un salaire. Ses revenus proviennent donc de son chiffre d’affaires facturé, diminué :

  • 🧾 des frais de gestion (souvent 5 à 10 % du CA hors taxes) ;
  • 📉 des cotisations sociales patronales et salariales, élevées mais en échange d’une protection complète ;
  • 🚗 parfois de frais professionnels remboursés à part, ce qui améliore le net perçu.

Marc garde une réelle autonomie : il choisit ses clients, son rythme de travail, ses honoraires, et peut cumuler missions courtes et longues. La société de portage gère les bulletins de salaire, la sécurité sociale, les déclarations sociales, la responsabilité civile professionnelle, et même parfois l’accès à une mutuelle, un plan d’épargne entreprise ou des titres-restaurant. Le risque administratif est quasiment nul, la complexité aussi.

La SASU : une société à part entière, pour plus de liberté… et plus de responsabilités

En créant une SASU, Marc devient président d’une société par actions simplifiée à associé unique. Sa personne et sa société sont deux entités distinctes : la responsabilité est limitée au capital social, ce qui protège son patrimoine personnel, sauf faute de gestion. Il peut choisir de se verser un salaire, des dividendes, ou une combinaison des deux.

Ce cadre ouvre la porte à une liberté accrue :

  • 🧩 choix de la rémunération (salaire régulier, dividendes variables) ;
  • 🔍 récupération de TVA sur ses achats professionnels ;
  • 📈 possibilité de faire entrer d’autres associés plus tard et de transformer la SASU en SAS.

La contrepartie : la SASU implique création de société (statuts, annonce légale, dépôt de capital), tenue d’une comptabilité commerciale, dépôt des comptes, déclarations TVA et URSSAF. Marc doit souvent s’appuyer sur un expert-comptable et accepter un risque juridique et administratif plus élevé. Il n’a pas droit au chômage, sauf cas particuliers (cumul avec un ancien CDI, etc.).

🧮 CritèrePortage salarialSASU
Nature du statut juridiqueSalarié d’une société de portageDirigeant d’une société commerciale
Niveau d’autonomieAutonomie commerciale, gestion déléguée ⚓Autonomie totale, gestion à assumer ⚙️
Protection socialeRégime général + chômage + mutuelle 🛡️Régime général, pas de chômage par défaut
Complexité administrativeTrès faible 😌Élevée (compta, TVA, liasse fiscale)
Potentiel d’optimisation fiscaleLimitéFort (IS, dividendes, TVA) 📊

Comprendre cette logique de base — sécurité et simplicité d’un côté, optimisation et construction d’actifs de l’autre — prépare le terrain pour analyser, dans la section suivante, l’impact du revenu sur le choix entre portage salarial et SASU.

Revenu et fiscalité : à partir de quel niveau le portage salarial cède la place à la SASU ?

Dès que le mot fiscalité apparaît, beaucoup de consultants se braquent ou se fient à des « on-dit » : « en SASU tu payes moins de charges », « le portage c’est 50 % de ton chiffre, minimum », etc. La réalité est plus nuancée. Le bon comparatif repose sur le revenu net réellement disponible après toutes les charges visibles et cachées, mais aussi après le temps passé à la gestion, qui a lui-même une valeur.

Reprenons Marc. Il envisage trois scénarios annuels de chiffre d’affaires : 50 000 €, 80 000 € et 120 000 €. À chaque seuil, l’équilibre entre portage salarial et SASU se déplace, et le arbitrage entre autonomie, risque et optimisation fiscale change de nature.

IS, IR, charges sociales : la mécanique fiscale de la SASU

En SASU, la société peut être imposée à l’impôt sur les sociétés (IS), avec un taux réduit sur la première tranche de bénéfices, puis un taux normal. Les bénéfices restant après IS peuvent être distribués à Marc sous forme de dividendes, soumis à la flat tax de 30 % (prélèvements sociaux + impôt). Par ailleurs, tous les frais professionnels sont déduits avant calcul du résultat : matériel, formations, coworking, déplacements.

  • 📊 avantage : la base taxable est réduite, ce qui améliore le rendement des revenus élevés ;
  • 🧾 atout clé : récupération de TVA sur les dépenses professionnelles, ce qui finance une partie des investissements ;
  • ⚠️ contrainte : nécessité d’une comptabilité propre, sous peine de redressement.

Cette architecture devient redoutablement efficace à partir d’un certain seuil de chiffre d’affaires, car chaque euro optimisé profite à Marc plutôt qu’aux charges obligatoires.

Portage salarial : simplicité maximale, optimisation restreinte

En portage salarial, Marc est imposé comme un salarié. Son brut est soumis aux cotisations, son net est imposé au barème progressif de l’IR. Quelques frais peuvent être remboursés ou déduits, mais dans un cadre strict. L’absence de récupération de TVA et la structure de charges sociales élevées limitent les leviers d’optimisation.

En revanche, cette structure évite les mauvaises surprises : pas de régularisation de TVA, pas de liasse fiscale complexe, pas de choix cornélien entre IS et IR. Marc peut se concentrer sur l’augmentation de son revenu brut, ce qui, au démarrage, vaut souvent plus que quelques pourcents gagnés sur le papier.

📈 CA annuel consultantPortage salarial (net estimé)SASU optimisée (net estimé)
50 000 €≈ 25 000 € 😊≈ 28 000–30 000 €
80 000 €≈ 38 000–40 000 €≈ 48 000–52 000 € 💸
120 000 €≈ 55 000–60 000 €≈ 75 000–82 000 € 🚀

Ces ordres de grandeur (hors situations particulières) montrent qu’à mesure que le CA augmente, la SASU permet de conserver une part croissante du revenu, surtout grâce aux dividendes et à la déductibilité large des frais professionnels.

Rendement réel, coûts cachés et tolérance au risque

Si la SASU semble mécaniquement plus intéressante dès 60–70 k€ de CA, il reste à soustraire les coûts et le risque invisibles : honoraires comptables, assurances, temps administratif, absence de chômage. Un consultant qui passe deux jours par mois à gérer sa société renonce, par exemple, à 1 000 € de facturation s’il vend ses journées 500 €. Ce « coût d’opportunité » réduit l’écart réel avec le portage salarial.

  • 🧮 comptabilité + formalités : 1 500 à 3 000 €/an ;
  • 🕒 temps de gestion non facturé : 2–3 jours/mois, soit 12 000–18 000 €/an à 500 €/jour ;
  • 🛟 nécessité d’une épargne prudente pour compenser l’absence de droit au chômage.

Au final, pour un CA autour de 50 000 €, la différence nette entre SASU et portage reste modeste, surtout pour un consultant qui valorise la tranquillité. Au-delà de 80 000 €, l’avantage financier de la SASU devient difficile à ignorer pour qui accepte un peu plus de complexité et de risque social. La prochaine étape consiste à mesurer précisément l’impact sur la protection sociale.

Cette vidéo permettra de visualiser en chiffres les simulations de scénarios, mais le sujet de la protection sociale mérite un décryptage dédié.

Protection sociale, sécurité et risque personnel : qui protège le mieux le consultant ?

De nombreux consultants se focalisent sur le net à court terme et découvrent plus tard qu’ils ont sacrifié des droits sociaux précieux : chômage, retraite, prévoyance. Or une carrière d’indépendant comporte forcément des périodes creuses, des clients qui annulent, parfois même une maladie ou un accident. La question devient alors : qui porte le risque, le consultant ou la structure ?

Entre portage salarial et SASU, la réponse change radicalement. L’un se rapproche de la sécurité d’un CDI, l’autre renvoie la responsabilité sur le dirigeant, avec plus de flexibilité mais moins de filet de sécurité institutionnel.

Couverture maladie, mutuelle et prévoyance : le confort du salariat porté

En portage, le consultant relève pleinement du régime général de la sécurité sociale. Il dispose de remboursements de soins, d’indemnités journalières en cas d’arrêt maladie, de droits maternité/paternité alignés sur ceux des salariés. La société de portage met en place une mutuelle collective ainsi qu’un contrat de prévoyance, souvent négociés avec de bons rapports garanties/prix.

  • 🩺 remboursement des soins aligné sur les standards salariés ;
  • 🛏️ indemnités journalières en cas d’arrêt, sécurisant le revenu en période difficile ;
  • 🧠 tranquillité : peu de décisions techniques à prendre sur ces questions complexes.

En SASU, le président rémunéré est assimilé salarié pour la protection sociale de base, mais doit organiser lui-même sa mutuelle et sa prévoyance. Sans vigilance, le niveau de protection réel peut être inférieur pour un coût plus élevé, surtout si le consultant se contente de contrats individuels basiques.

Retraite et validation des trimestres : discipline ou pilotage fin ?

La retraite constitue un autre point aveugle fréquent. En portage, les cotisations AGIRC-ARRCO sont prélevées automatiquement sur le salaire. Les trimestres sont validés dès que le revenu atteint les seuils requis. La trajectoire est prévisible, ce qui rassure beaucoup de consultants en transition de fin de carrière.

En SASU, la flexibilité permet de moduler le niveau de cotisations, mais au prix d’une discipline personnelle :

  • 📅 il faut se verser suffisamment de salaire pour valider ses trimestres ;
  • 📉 sous-cotiser améliore le net immédiat, mais dégrade les droits futurs ;
  • 🧮 un arbitrage fin entre salaire (retraite) et dividendes (optimisation fiscale) devient nécessaire.

Un consultant à 80 000 € de CA peut, en SASU « optimisée », cotiser beaucoup moins à la retraite que son équivalent en portage, tout en récupérant un net supérieur. L’arbitrage dépend de sa stratégie patrimoniale globale : compte-t-il bâti sa retraite via l’immobilier, la bourse, ou préfère-t-il des droits obligatoires plus solides ?

Chômage, risque de creux de mission et sécurité psychologique

Là où la différence devient massive, c’est sur l’assurance chômage. Le consultant porté cotise et peut, en cas de fin de mission et de rupture conventionnelle ou de non-renouvellement, prétendre aux allocations de Pôle emploi, sous conditions usuelles. Ce filet de sécurité transforme totalement la gestion du risque de creux d’activité.

  • 🛟 portage : droit au chômage potentiellement maintenu, très précieux pour les reconversions et transitions ;
  • ⚠️ SASU : aucune couverture chômage classique pour le dirigeant, sauf dispositifs privés souvent chers et restrictifs ;
  • 💼 implication : en SASU, une réserve financière personnelle devient quasiment obligatoire.

Pour un jeune consultant confiant dans sa capacité commerciale, ce risque peut paraître acceptable. Pour un profil plus senior, avec des charges familiales ou un crédit immobilier important, le portage salarial offre une sérénité difficile à chiffrer, mais bien réelle au quotidien.

🛡️ Type de protectionPortage salarialSASU
Maladie / maternitéRégime général + prévoyance 💊Régime général, prévoyance à souscrire
RetraiteCotisations automatiques, trimestres sécurisés ⏳Modulable, nécessite un pilotage actif
ChômageOui, via l’UNEDIC (sous conditions) 🛟Non (hors assurances privées)
MutuelleContrat collectif négocié 🩺Contrat individuel à trouver soi-même

Sur le plan de la sécurité sociale et de la gestion du risque de carrière, le portage salarial donne un avantage net, surtout pour les plus averses au risque ou les personnes en transition. Pour ceux qui visent la scalabilité et la construction d’un actif d’entreprise, la SASU reprendra l’avantage au chapitre suivant.

Autonomie, gestion quotidienne et ambitions à moyen terme : travailler « léger » ou bâtir une machine

Au-delà des chiffres, le choix entre portage salarial et SASU touche à un style de vie et à une identité professionnelle : consultant « artisan » qui veut se concentrer sur sa mission, ou entrepreneur qui voit son activité comme un business à faire grandir. Dans les deux cas, l’autonomie existe, mais elle ne se manifeste pas au même endroit.

Certains profils s’épanouissent dans la liberté totale de la SASU ; d’autres préfèrent externaliser tout ce qui n’est pas directement lié à la valeur apportée au client. L’erreur classique consiste à copier le choix d’un collègue sans tenir compte de son propre rapport à l’administratif, à la délégation et au risque.

Gestion administrative : déléguer en portage ou piloter en SASU

En portage, le temps de gestion interne se limite à quelques actions : déclarer son activité, envoyer ses éléments de facturation à la société de portage, vérifier ses bulletins de salaire. Le consultant peut consacrer l’essentiel de son énergie à la prospection, à la réalisation des missions et à la montée en compétence. Ce mode convient particulièrement :

  • 🧠 aux profils experts qui valorisent chaque journée facturée très haut ;
  • 📚 à ceux qui veulent investir leur temps libre dans la formation, l’écriture, la veille ;
  • 🌍 aux consultants nomades ou multiclients qui refusent de s’encombrer de paperasse.

En SASU, le dirigeant doit orchestrer comptabilité, TVA, déclarations sociales, dépôt des comptes, assemblée générale annuelle, gestion du compte bancaire pro. Même avec un expert-comptable, il reste des décisions à prendre, des pièces à fournir, des arbitrages à trancher. Pour certains, c’est un plaisir : celui de piloter une petite entreprise. Pour d’autres, c’est un fardeau permanent.

Autonomie stratégique, marque personnelle et capacité à grandir

La SASU brille dès que les ambitions dépassent la simple vente de journées de conseil. Elle permet de :

  • 🏢 créer une marque commerciale distincte de sa personne ;
  • 🧑‍🤝‍🧑 intégrer d’autres associés ou recruter des salariés ;
  • 📦 développer des offres packagées, de la formation, des produits digitaux ;
  • 💶 accueillir des investisseurs, structurer un groupe de sociétés.

Le portage salarial, lui, est pensé pour l’activité individuelle. Les sociétés de portage accompagnent parfois l’animation de communauté (apéros, ateliers, networking), ce qui aide à générer des opportunités commerciales et à rompre l’isolement. Mais la structure juridique ne se prête pas à la construction d’un actif cessible ou d’une entreprise scalable.

🎯 DimensionPortage salarialSASU
Charge administrativeTrès faible, largement externalisée 😌Significative, même avec expert-comptable
Autonomie stratégiqueForte sur les missions, limitée sur le cadreTotale sur l’entreprise et son évolution 🚀
Capacité à recruterPeu adaptéePrévue par le statut, évolutive 🧑‍🤝‍🧑
Construction d’un actif cessibleQuasi nulleÉlevée si marque et clientèle structurées 💼

Pour un consultant qui se voit encore indépendant solo dans dix ans, le portage reste un compagnon fidèle. Pour celui qui rêve déjà de cabinet de conseil, d’agence ou de société de formation, la SASU s’impose comme terrain de jeu naturel, à condition d’accepter un niveau de gestion plus dense et un risque social supérieur.

Une fois ces enjeux de style de vie intégrés, reste une question clé : comment articuler les deux statuts dans le temps sans se piéger ?

Stratégies hybrides et transitions : démarrer en portage puis passer en SASU ?

Face aux arbitrages complexes entre revenu, autonomie et risque, une approche gagne du terrain : ne pas choisir une fois pour toutes. De nombreux consultants adoptent une stratégie dynamique : démarrage en portage salarial pour tester le marché et sécuriser la transition, puis bascule en SASU quand le portefeuille client et le chiffre d’affaires sont suffisamment stables. Cette stratégie limite les mauvaises surprises et aligne le statut juridique sur la maturité du projet.

Un horizon fréquent apparaît : 18 à 24 mois. C’est, pour beaucoup, le temps nécessaire pour valider sa proposition de valeur, lisser les premières fluctuations de missions, et clarifier ses ambitions à long terme.

Pourquoi commencer en portage avant de créer sa SASU ?

Au démarrage, les incertitudes sont nombreuses : les clients suivront-ils ? le TJM est-il adapté ? la prospection sera-t-elle fluide ? Le portage salarial agit comme un laboratoire sécurisé. Il permet de :

  • 🧪 tester son positionnement de consultant sans immobiliser de capital ni créer de société ;
  • 🛟 conserver une protection sociale robuste, utile en cas de retour forcé à l’emploi salarié ;
  • 📊 observer sur 12 à 18 mois un niveau moyen de CA et de revenu pour calibrer ensuite une SASU.

Cette phase sert aussi à accumuler une trésorerie personnelle, ce qui rendra la bascule vers une SASU moins stressante, notamment en compensant l’absence de droit au chômage pour le futur dirigeant.

Étapes concrètes d’une transition réussie vers la SASU

La transition nécessite une préparation méthodique plutôt qu’un saut dans le vide. Les grandes étapes ressemblent à ceci :

  • 📁 constitution du dossier SASU (statuts, capital, compte pro) ;
  • 📜 immatriculation au registre du commerce et des sociétés ;
  • 📨 information des clients et signature de nouveaux contrats commerciaux ;
  • 🔁 résiliation ou fin naturelle du contrat de portage salarial, en respectant les préavis.

Le coût de cette transition (frais légaux + accompagnement) reste raisonnable au regard du gain potentiel sur le long terme, surtout pour des CA supérieurs à 80 000 € par an.

🗺️ ÉtapeDélai moyenCoût indicatif
Rédaction des statuts SASU1–2 semaines200–600 € ✍️
Immatriculation RCS5–15 jours200–300 €
Préavis auprès de la société de portage1 mois en général0 €
Accompagnement pro (optionnel)Quelques semaines1 000–3 000 € 💼

Et si la trajectoire s’inversait : quitter la SASU pour revenir au portage ?

La démarche inverse existe : certains dirigeants de SASU décident, après quelques années, de fermer leur société pour retrouver la simplicité du portage. Les raisons varient : lassitude administrative, envie de réduire le risque, préparation de la retraite, ou recentrage sur des missions à haute valeur ajoutée sans volonté de développer une structure.

  • ⚖️ dissolution et liquidation de la SASU, avec clôture de la comptabilité ;
  • 💸 gestion du boni de liquidation, imposé fiscalement ;
  • 🧾 reprise d’activité en portage, qui redonne ACCÈS à une couverture chômage pour l’avenir.

Cette flexibilité montre qu’aucun choix n’est définitif. Le véritable enjeu consiste à aligner à chaque période de vie professionnelle le statut juridique avec son niveau de revenu, sa tolérance au risque, sa situation personnelle et son ambition entrepreneuriale. Cette logique de pilotage fin, plutôt qu’un choix binaire figé, permet aux consultants de garder la main sur leur trajectoire.

Questions fréquentes sur le choix entre portage salarial et SASU pour consultant

Portage salarial ou SASU : quel statut est le plus intéressant pour un consultant qui démarre ?

Pour un lancement d’activité, le portage salarial convient souvent mieux, surtout si le chiffre d’affaires prévisionnel est incertain ou inférieur à 60 000 € par an. Le consultant bénéficie d’une protection sociale complète, d’un droit potentiel au chômage et d’une gestion administrative quasi inexistante. La SASU devient plus pertinente lorsque le portefeuille clients est stabilisé, que le chiffre d’affaires dépasse régulièrement 70–80 000 € et que l’on vise une optimisation fiscale via l’IS, la récupération de TVA et les dividendes.

À partir de quel revenu annuel la SASU devient-elle plus rentable que le portage salarial ?

Les simulations montrent qu’autour de 50 000 € de chiffre d’affaires, l’écart de revenu net entre portage salarial et SASU reste relativement faible, une fois intégrés les coûts cachés de la société (comptable, temps de gestion, assurances). Au-delà de 70–80 000 € de CA annuel, la SASU prend généralement l’avantage financier, notamment grâce à la déductibilité des frais, à l’IS et à la flat tax sur les dividendes. Cet avantage augmente encore au-dessus de 100 000 €, à condition de bien piloter sa rémunération et ses cotisations.

Le portage salarial offre-t-il vraiment une meilleure sécurité sociale que la SASU ?

Le portage salarial place le consultant au plus près du statut de salarié classique : régime général, mutuelle d’entreprise, prévoyance, droits retraite réguliers, et surtout cotisations à l’assurance chômage. En SASU, le président rémunéré relève aussi du régime général, mais ne bénéficie pas du chômage et doit organiser seul sa mutuelle et sa prévoyance. La protection du portage est donc plus complète et plus simple à obtenir, ce qui en fait une option particulièrement sécurisante pour les profils averses au risque ou en transition de carrière.

Peut-on cumuler une SASU et du portage salarial pour une même activité de consultant ?

Sur le plan juridique, rien n’interdit de cumuler une activité en portage salarial et une activité en SASU, à condition de bien séparer les contrats, la facturation et les flux financiers. En pratique, ce montage devient vite complexe et source de confusion avec les clients comme avec l’administration. Pour un consultant, cette stratégie n’a d’intérêt que dans des cas très particuliers. La plupart du temps, il est plus efficace de concentrer son activité sur un seul statut à la fois, puis d’organiser une vraie transition lorsque les paramètres de revenu, d’autonomie et de risque évoluent.

Comment choisir objectivement entre portage salarial et SASU sans se tromper ?

La méthode la plus fiable consiste à croiser plusieurs critères : niveau de chiffre d’affaires actuel et prévisionnel, tolérance au risque financier, besoin de sécurité sociale (chômage, retraite, santé), appétence pour la gestion administrative, et ambition de développement (simple activité de consultant ou projet d’entreprise). Démarrer en portage salarial pendant 12 à 24 mois permet de collecter des données concrètes sur son activité, puis de décider sereinement d’un passage éventuel en SASU une fois le modèle validé. L’accompagnement d’un expert-comptable ou d’un conseiller en gestion de patrimoine aide à objectiver les chiffres et à choisir le statut juridique le plus pertinent pour sa situation.